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L‘évasion de Napoléon de l’île d’Elbe
Le 25 février 1815, le retour de l’Aigle
L’évasion de l’île d’Elbe est sans conteste l’un des épisodes les plus forts du règne de Napoléon Ier.
La légende rapporte que le départ fut orchestré durant une soirée, que Napoléon profita d’un bal masqué pour s’enfuir via un escalier spécialement taillé dans la roche, au creux de la falaise Palazzina dei Mulini. En réalité, le plan était préparé depuis quelques jours déjà. Le navire l’Inconstant, chargé d’accueillir l’Aigle, est chargé de vivres, réarmé et repeint.
Suite à sa première abdication en avril 1814, Napoléon est envoyé à Elbe, et y est nommé souverain. Il est accompagné d’environ 1 000 hommes restés fidèles, dont un détachement de lanciers polonais sans chevaux.
La suite débarque le 4 mai 1814 à Portoferraio. L’île est petite, 28 km sur 19, et se situe dans la mer Tyrrhénienne face à Piombino en Toscane. Napoléon est dans un premier temps pleinement concerné par son nouveau rôle. Il entreprend des travaux de grande ampleur qui marquent Elbe durablement (installation du tout à l’égout ou la création d’un réseau routier par exemple).
Une petite cour s’organise, Napoléon est à la tête d’un gouvernement, avec Bertrand, ministre secrétaire d’Etat et ministre de l’Intérieur, Drouot, gouverneur militaire de l’île et ministre de la Guerre et Cambronne, commandant de la place de Portoferraio.
La vie quotidienne sur l’île s’articule également avec l’aide de Pauline, sœur de Napoléon, et Madame Mère, Letizia, qui rejoignent toutes deux la cour. Pauline organise les mondanités autour des palais de résidence. Il loge surtout à la Palazzina dei Mulini, édifice situé à Portoferraio, la capitale de l’île. De manière privée, L’Impératrice Marie-Louise se propose, dans un premier temps de rejoindre son époux, avant de se réviser et de rester à Vienne avec son fils.
Bien que monarque sur l’île, Napoléon est surveillé. Espions, soldats des armées étrangères, flottille en rade de l’île, le dispositif semble complet. En revanche, Neil Campbell, chargé de le surveiller, s’absente régulièrement afin de rendre visite à une maîtresse sur le continent.
Face à des projets d’assassinats qui lui sont rapportés et le fait que le roi Louis XVIII ne lui verse pas la somme d’argent qui lui a promis (2 000 000 francs de rente), Napoléon prépare son évasion. Au colonel Campbell, il dira même « Je n’existe plus pour le monde. Je suis un homme mort. Je ne m’occupe plus que de ma famille, de ma retraite, de ma maison, de mes vaches et de mes mulets ! ». Le colonel est conquis et note que « Je commence à croire qu’il est tout à fait résigné à sa retraite et qu’il se trouve passablement heureux ».
En réalité, l’évasion se précise, et les britanniques sont endormis par les manœuvres de l’Aigle. Le 14 février 1815, Campbell part avec sa maîtresse pour Libourne. Les Français choisissent de tout organiser à partir de cette date.
Le 23, Napoléon annonce son départ à sa mère. Elle rétorque cette maxime restée célèbre : « Ce qui doit être sera. Que Dieu vous aide… mais s’il est écrit que vous devez mourir, il est préférable que ce soit non par le poison, ni par un repos indigne de vous, mais l’épée à la main ». Il n’en sera rien, mais ça, tout le monde l’ignore encore.
Napoléon débarque en France le 1er mars 1815, non sans dangers durant la traversée. Les Cent-Jours débutaient. Trois mois et demi plus tard, le destin de Napoléon se jouerait dans les plaines de Belgique.
Antoine Charpagne – Responsable culturel du Mémorial de la bataille de Waterloo 1815